GRAVEL BIKES
Tous les cadres des vélos de gravel présentés ici ont en commun plusieurs choses. La première, et vraisemblablement la plus importante, est qu’ils proviennent tous de petits industriels qui ont décidé de concevoir, valider et fabriquer la totalité de leur production en interne, dans le but de maitriser la totalité du processus.
Rien que pour ça, ils sont selon moi des vélos d’exception. Leur production est faible, pour partie très artisanale, et les délais de livraison sont généralement de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, comme cela a été le cas pour trois des quatre présentés ici.
Il est par ailleurs intéressant de voir comment ces constructeurs se font connaître. Parfois présents dans les grands salons internationaux, ils le sont davantage dans des présentations plus confidentielles telles que le NAHBS ou le MADE, ou encore lors du salon dirigé par ENVE (Grodeo Round-Up), tous aux USA, où les meilleures créations européennes sont également présentes. Ils bénéficient également des faveurs des medias spécialisés qui leur consacrent une attention méritée. Et parfois de certains bike shops.
Le second point est que ces constructeurs se focalisent sur un nombre limité de modèles, considérant que leur savoir faire est le fruit de longue recherches – certains ingénieurs ont planché des centaine d’heures pour finaliser une géométrie – ils n’ont aucune raison de multiplier leur production.
Enfin, si cette indépendance a logiquement un coût élevé, en grande partie par la nécessité de devoir développer en interne des solutions techniques, par exemple dans la production des éléments en carbone. En contre-partie, cela leur offre la possibilité de proposer des réalisations uniques, ou tout au moins avec un fort degré de personnalisation.
Difficile de nommer les meilleures réalisations, tant elles sont nombreuses.
Les USA regorgent de petits artisans/industriels qui ont un véritable talent. Mosaic, Moots Cycles, No. 22, Seven Cycles, Ritte Cycles, Rodeo Labs sont parmi les plus réputés pour des réalisations en titane.
Argonaut, Enve, Parlee Cycles, Bride Bike Works (Canada) pour les réalisation en carbone.
En Europe, 3T Made in Italy, Sarto, Officina Battaglin, Colnago C68 (Italie), FiftyOne (Irlande), OPEN Cycles (Suisse), Festka, Repete (Tchéquie), Belle, Rizzo Cycles (Espagne).
Et encore Scarab (Colombie), Baum Cycles, Bastion Cycles, Bossi (Australie), Onguza (Namibie).
Nous décrivons la maniabilité des vélos de gravier en termes d’agilité. Nous avons testé la lenteur ou l’enjouement et la réactivité des vélos dans les virages. La stabilité indique à quel point les vélos sont nerveux ou calmes à différentes vitesses.
Un bon vélo de gravel doit offrir un mélange équilibré d’agilité et de sang-froid, répondant aux sollicitations de la direction avec précision et prévisibilité sans vaciller et se sentir nerveux dans les descentes rapides ou les montées lentes. Un vélo bien équilibré n’est pas seulement plus intuitif et amusant à conduire, il est aussi plus sûr, ce qui augmente la confiance en ses propres capacités de conduite et en celles du vélo.
Il n’y a pas deux aventures de gravel qui se ressemblent. Étant donné que le gravel riding impose des exigences très différentes au vélo en fonction de l’itinéraire, de la saison, du style de conduite et de la durée, le vélo de gravel doit être aussi polyvalent que possible, afin d’être performant dans un large éventail de scénarios différents.
Vos préférences peuvent également évoluer au fil du temps, c’est pourquoi un vélo plus polyvalent devrait vous permettre de progresser davantage en fonction de l’évolution de vos capacités et de vos ambitions. Qu’il s’agisse d’asphalte mal entretenu, de gravier rugueux, de sentiers forestiers ou de singletrack.
Un vélo de gravier doit être prêt à tout et, mieux encore, il doit être très agréable à conduire sur tous les terrains. Cela signifie suffisamment d’adhérence, de confort et de maniabilité intuitive lorsque les choses deviennent difficiles, mais aussi l’efficacité et la gamme de vitesses nécessaires pour les lignes droites rapides et les montées abruptes. Les points de fixation pour les sacs, les bouteilles d’eau et les garde-boue sont également très utiles, pour que vous soyez prêt à affronter toutes les aventures !
Qu’il s’agisse de longues randonnées, d’excursions tranquilles sur le gravel ou de sorties rapides en groupe, le confort est essentiel sur un vélo de gravel. Il vous permet d’apprécier l’expérience et de rouler avec le sourire, même après une longue journée en selle. Cela dit, trop de souplesse se fait au détriment de l’efficacité du pédalage et de la maniabilité. Le vélo doit donc offrir le bon niveau de confort, de précision de conduite, d’efficacité et une position de conduite équilibrée. Le niveau de confort souhaité est une question de préférence personnelle et, pour simplifier, résulte de l’interaction entre les pneus, la pression des pneus, les roues, le cadre, les éléments d’amortissement ou de suspension, la géométrie, les matériaux utilisés et l’ergonomie des points de contact. Il s’agit d’une interaction complexe d’innombrables variables en de nombreux points différents !
Il n’est pas seulement important que le vélo soit conforme, mais aussi de savoir d’où vient cette conformité et comment les impacts sont atténués. Un bon vélo de gravier absorbe les chocs et les vibrations sans rebondir comme un ressort non amorti. Ce comportement peut rapidement devenir incontrôlable et se traduire par un manque de confiance et une tenue de route imprécise.
Se lever de sa selle pour fournir un effort intense dans une montée raide ? S’envoler vers l’horizon sur les longues lignes droites avec un maximum d’efficacité ?
L’accélération du pied léger et l’efficacité à grande vitesse sont deux des plus grandes sources de plaisir sur un vélo de gravier. Le poids, la répartition du poids, le profil des pneus, la position de conduite, la transmission et les accessoires jouent un rôle crucial à cet égard. Si vous recherchez un vélo de gravel pour la vitesse à tout prix, ne cherchez pas plus loin qu’un vélo de course de gravel. En revanche, si vous souhaitez vous ménager entre deux efforts, un gravel bike polyvalent est tout indiqué.
Il n’y a pas de doute : l’apparence est importante ! L’aspect, la forme et la couleur du vélo sont décisifs pour de nombreux acheteurs et, en fait, ces caractéristiques jouent un rôle important dans les sensations que l’on éprouve au guidon du vélo, en particulier lorsqu’on s’arrête devant le café. En plus de renforcer votre ego, le toucher et la finition offrent également de réels avantages ! Ils améliorent les sensations et la durabilité du vélo et vous encouragent inconsciemment à prendre soin de votre vélo après chaque sortie. Les beaux vélos vivent plus longtemps.
Fidèle à la devise « le voyage est le but », un bon vélo de gravel doit être très amusant à piloter dans le plus grand nombre de situations possible, vous encourageant à continuer à tourner les manivelles. Il s’agit moins de KOM que de se sentir libre, capable d’explorer sans hésitation et de pouvoir compter sur les réserves du vélo dans des situations inattendues. Le niveau de plaisir dépend de tous les critères de test mentionnés précédemment : pour vous donner le sourire, le vélo doit trouver le bon équilibre à tous les égards. Pour ceux qui trouveraient cette définition trop vague, nous avons établi il y a quelques années un calculateur de plaisir universel :
Estampillé Made in Italia, l’Exploro RaceMax Italia est le premier cadre entièrement réalisé en Italie. Un cadre type haut de gamme conçu selon un procédé appelé « filament winding » en lieu et place des couches de feuilles de carbone habituelles.
Vanté pour ses qualités aérodynamiques, il se présente comme un vélo de type gravel se voulant performant sur tous les terrains.
Information constructeur. Démarrage du projet de construction d’un cadre en Italie selon des procédés novateurs.
Un choix délibéré basé sur plusieurs éléments. Une fabrication reposant sur une technologie novatrice (“filament wound”), une production en petite série désormais localisée en Italie, un concepteur renommé (Gerard Wroomen), une géométrie me convenant parfaitement, typée très gravel. Enfin, les conseils avisés de Sylvain Rochat.
Commandé en septembre 2021, peu après sa présentation, mon 3T Exploro RaceMax (appelé Founders Edition pour les 100 premiers) m’a été livré en mai 2022. Une longue attente justifiée par la nouvelle mise en place des moyens de production, et dont une grosse partie repose sur des interventions humaines. Mais suffisamment tôt pour être emmené dans on pays d’origine pour un test grandeur nature. Mon premier Tuscany Trail, avec ses routes blanches et ses reliefs, le tout en mode bike packing durant cinq jours.
Monté avec un groupe SRAM Red XPLR, des roues Hunt en carbone supportant des pneus Continental Terra Speed de 40mm, j’avais de quoi excellé sur presque tous les terrains. Ce fut effectivement une formidable partie de plaisir que de rouler avec mon pote Gégé au coeur de la Toscane avec cette monture qui exhibe un Made in Italy en toute discretion.
Son arrière court et son angle de direction plus incliné lui confèrent de belles aptitudes en montée et en descente. J’ai pu le vérifier à maintes reprises, surtout dans les descentes où le vélo a un comportement très sécurisant.
Je l’utilise également avec des roues de 650 pour permettre le montage de pneus plus gros qui ne passent pas sur des roues de 700. Avec des roues de 700, le maximum est de 40mm (42mm selon le constructeur). Sur des sentiers plus techniques ou des terrains escarpés et boueux, je me sens plus à l’aise, en montée comme en descente.
Côté pratique, il lui manque des points d’accrochage pour des bagages. Son profil de vélo gravel sportif lui empêche de se présenter comme un vélo tourné vers l’aventure. Cela dit, j’ai pu l’aménager sans problème avec trois bagages (voir photos) pour répondre aux besoins de plusieurs jours de bike packing.
Confronté parfois aux intempéries comme à la dureté de certains chemins, un vélo de gravel doit assurément être suivi de près. Après deux années et autant de milliers de kilomètres, aucune faille dans la qualité de fabrication n’a été constatée. Si certains composants ont été remplacés, les roulements du pédalier et un de direction, l’ensemble est d’une grande fiabilité.
Aussi à l’aise sur les terrains sablonneux ou boueux du désert des Bardenas que sur l’accidentée Strada dell Assieta, je ne lui vois que des qualités. Pour ma part, je le trouve très discret et élégant dans sa livrée originale (carbone brut et laque semi transparente bordeaux) et je ne manifeste aucune lassitude à son égard. Je le vois toujours comme au premier jour.
Son point fort réside dans géométrie qui se distingue par une rapport stack/reach quelque peu plus élevé (1.48 pour une taille S). Donc un cadre un peu plus « court » compensé par un angle de direction plus incliné (69.5 degrés) pour une taille S. Associé à un arrière court, l’ensemble confère à l’Exploro Racemax des aptitudes en montée et en descente uniques.
Le niveau de finition est absolument exemplaire dans cette livrée Made in Italy. Le carbone brut partiellement recouvert d’une laque semi transparente de couleur rouge/bordeaux est du plus bel effet. Après près de 2000 km sur routes et chemins accidentés, toujours aucune trace d’impact n’est à relevé.
La fixation d’une petite sacoche sur le tube horizontal par des vis, ainsi qu’un troisième porte-bidon, j’y mets qques outils, sont très appréciés.
Utilisé à deux reprises sur plusieurs jours en Toscane sur des chemins très défoncés, je l’avais volontairement monté avec des roues Hunt Carbon de 650b et des pneus de 48mm (Ultradynamico Rosé). Un montage qui s’est avéré en parfaite adéquation, au point de se laisser enivrer dans certaines descentes.
Ses qualités de stabilité ont pour conséquence d’impacter sensiblement les aptitudes dynamiques et réactives, notamment sur les portions de bitume et la tenue sur des virages serrés, ou encore lors de relances.
Suspendu à un crochet, tête en bas. j’ai constaté à plusieurs reprises que de l’eau s’échappait par la colonne de direction. Une eau de pluie et/ou issue de lavages, entrée vraisemblablement par l’orifice sur le tube horizontal par lequel passe la gaine hydraulique du frein arrière.
Ce 3T Exploro est mon 4ème vélo de gravel après un OPEN UP de la première génération en 2015, un Scott Addict 10 en 2019 et puis un Stevens Super Prestige (vélo de CX) en 2021. Ces deux derniers étant limités en matière de taille de pneus et donc de pratique gravel dès que le terrain se fait moins amical. Bien qu’il soit perfectible, ce 3T Exploro est assurément un vélo très attachant, dont je ne vais pas me séparer.
Second vélo de la marque ENVE, après le Melee destiné à la route, le MOG coche à peu près toutes les cases du vélo gravel performant qui peut porter le costume d’un vélo prêt pour l’aventure en acceptant des pneus jusqu’à 50mm, pour des roues de 700c.
Léger, pratique avec son coffre interne sous le porte bidon du tube diagonal, sa géométrie en fait un vélo fun à l’aise sur quasiment tous les terrains.
Vendu en kit-cadre, je l’ai équipé d’un groupe SRAM XPLR Force, avec un pédalier ING-RID.
En résumé. …
3T Exploro Racemax vs ENVE MOG vs FESTKA Rover
The higher the better, max 100%
3T Exploro Racemax vs ENVE MOG vs FESTKA Rover
The higher the better, max 100%
“Any intelligent fool can make things bigger and more complex. It takes a touch of genius - and a lot of courage - to move in the opposite direction.”
― Alert Einstein